Carnet de route

Tour du Thabor Alpin

Le 20/08/2022 par Karine et le groupe rando-alpi

La randonnée alpine souffre d’un manque de clarté quant à sa définition. D’où la question récurrente pendant nos 8 jours ensemble, ‘La rando alpi, qu’est-ce que c’est exactement ?’. Après ce séjour, nous cernons mieux la réponse : cela implique de la marche hors sentiers balisés, au plus près des cimes, une rando qui vous fait ‘bouffer’ des pierres, des crêtes et des pics. Baudriers de fortune et cordes de rando en renfort pour les passages les plus exposés. Chacun aura eu l’occasion plusieurs fois au cours de notre itinéraire d’éprouver ses limites, pas aux mêmes moments, dans des lieux aux caractéristiques différentes, mais avec l’assurance de trouver chez ses compagnons de crapahute un soutien indéfectible (et même quand d’aucun perd sa brosse à dents, le partage n’est pas en reste !). C’est ça aussi, la rando alpine.

La rando concoctée par Jean a fait l’objet d’un travail dantesque en amont. Par Jean lui-même tout Th’abord. Nous pouvons dire, a posteriori, qu’il aurait pu faire la rando les yeux fermés tant il a potassé cartes, topos et autres photos aériennes. Il a visualisé les sentes invisibles, anticipé les passages difficiles, calculé les temps de trajet. Mais la rando a commencé pour nous tous aussi bien avant le départ à Valmeinier 1800. En effet, Jean nous a demandé de préparer avec lui les itinéraires à l’aide de cartes IGN ou d'application GPS tels qu’Iphigénie. Aussi avons-nous tous, avant même de mettre nos chaussures de rando, une vision mentale de ce qui nous attend, des difficultés et des options possibles, des points de passages obligatoires. Ceci change la donne, car le groupe devient acteur de son trajet, plus responsable et plus à même de prendre les bonnes décisions. Cette anticipation, faite au mois de mai, au Mans, sera répétée tous les soirs de rando. Attablés autour d’une bière bien méritée, les randonneurs tirent un bilan de leur journée, puis se projettent sur le prochain tronçon à effectuer. On confie ses joies, ses peurs et difficultés, chacun écoute l’autre de façon à ce que le lendemain se passe au mieux et que chacun porte un œil bienveillant sur ses coéquipiers – même si certains essaient tout de même de piquer la couette des autres dans les refuges. Jean applique la stratégie "Paulo Grobel", guide alpinomalayen qui promeut une "Cartographie Systémique des Vigilances" avec les groupes de ski de rando qu’il mène soit dans l’Himalaya, soit dans son fief de la Grave. Attribuant un rôle actif à chacun, le leader du groupe se trouve à la tête de gens informés et prêts à vaincre les difficultés répertoriées du jour.

Cette rando a été bénie des dieux : un temps magnifique chaque jour, des refuges qui nous fournissent de bons repas roboratifs (jus de pomme chaud et gratins de ravioles, miam), et des ambiances chaleureuses, des patous
qui tentent de nous effrayer, mais repartent sans nous croquer, des lacs aux eaux bien basses, hélas, mais si belles et délicieuses pour les barboteurs que nous sommes – mmmh les vasques de la montée aux Cerces – des pierriers ‘de l’enfer’ qui ne nous effraient, ni ne nous arrêtent, des cimes plus belles les unes que les autres et le bonheur de partager ces pures moments avec des coéquipiers heureux. Oui, on en a bouffé des pierres, des pentes et du dénivelé, mais c’est ce régime qui donne la pêche, permet de descendre goulûment les bouteilles de génépi quand la gardienne a le dos tourné ! Un moment mémorable pour les 7 alpi -randonneurs.

Merci Jean, merci le CAF 72.