Carnet de route

la joyeuse bande cracra du CAF

Le 11/06/2025 par Jean- Luc Bulot
Départ à 17h de la maison des sports ce mercredi 07mai. Nous attendons les Maunoury un peu en retard, non pas vraiment, juste après les plus ponctuels! Ils ont amené la remorque comme prévu. C'est que nous sommes 9 à répondre présent pour cette escapade spéléo. Le minibus réservé pour les sportifs olympiques, oui c'est bien nous, sera au complet. En comptant les bagages, et la cargaison que Julien ne manquera pas d'ajouter au point de ralliement à Châtellerault, la remorque ne sera pas un luxe. En fait si, elle sera bien un luxe que nous ne verrons qu’en rêve ! tout ça parce que les Maunoury ont débarqué tout guilleret...sans la remorque. Finalement l'impossible est toujours possible et c'est le coffre fort bien rempli que nous prenons la route vers le Sud.

Nous avions choisi Rocamadour pour ces quatre jours. Des raveurs ont eu la même idée, ce qui nous valut d'être bercé tout au long de la première nuit par les sons boum boum à portée de vue, non, mais d'oreilles oui. Eux ont eu droit au 20h de TF1, nous pas. 

La première journée est consacrée à la découverte de la grotte de Cullier sur la commune de Lacave, mise en jambe sans baudrier ni corde, belle balade qui serait aisément accessible au néophyte. L'après-midi, direction l'igue de saint Sol toute proche qui laisse à voir ses trésors insolites avec ces deux vélos, descendus par qui, pour quoi, pour le fun en tout cas, et ce véritable musée d'argile alimenté par l’imagination des spéléologues amateurs qui nous ont précédés.
Deux groupes se séparent sans se fâcher pour la journée du vendredi. Le premier parti pour une rando qui arpente le canyon de l'Alzou, parcours idéal pour une rando d’été chaud à l’ombre des chênes pourtant maigrichons du Quercy. Coup d’œil sur un funambule « slacklineur » qui tente de rejoindre l’autre rive par les airs, pas moins de deux cent peut-être trois cent mètres à parcourir sur et parfois sous la sangle. Retour par le val jusqu’à la rue principale de Rocamadour pour une pause désaltérante. Le second groupe a préféré commencer par la pause dès le matin dans la même rue principale, de toute façon il n’y en a qu’une, avant de découvrir un peu plus tard la grotte du Fennet.

Et puis arrive la sortie tant attendue, la dernière du weekend , l'igue (grotte dans le parlé local) de Viazac et son lac à -220m sous le causse. La veille au soir, notre initiateur en chef, Jérôme accompagné de son aspirant Julien, ont préparé cordes, mousquetons, dégaines, plaquettes et clé pour visser tout ce matériel dans la grotte. C’est ensuite le rangement de tout ce matériel dans les kits minutieusement numérotés pour être descendus dans le bon ordre par les porteurs du jour Sylvie, Sébastien et votre narrateur. C'est que le spéléologue averti doit installer et désinstaller tout le matériel après son passage. Ce samedi matin il est 10h quand la descente commence par une première corde jusqu'à un premier palier pour un premier repos. De cet endroit, suspendue au plafond de la voûte, une corde semble nous souhaiter la bienvenue. Elle pend là devant nous à quelques mètres de notre point d'appui, si proche si loin. Caroline se demanderait presque s’il est bien raisonnable de jouer les Tarzan pour poursuivre une descente qui s’annonce très engagée. De toute façon Marielou n’a pas attendue sa mère et à cet instant elle est déjà loin, plus bas, partie en éclaireuse des profondeurs. Quelque conseil plus tard judicieusement glissé par Jérôme la corde est attrapée. Il n'est plus qu'à s'y arrimer et la descente, seconde du jour, peut commencer. Suit le pont de singe, vers les -100m pour franchir le puits martel sans y descendre, pas plus difficile qu'une via ferrata pour débutants. Il nous emmène direct vers le passage resserré entre deux grands volumes, trouée dans la roche qui est aussi le point de passage des chauve souris. Dérangées par nos lumières et nos voix elles frôlent nos casques pour s'éloigner. 

Quel plaisir d'atteindre le fond de la grotte. Le lac est bien là, à hauteur raisonnable (il n'a pas plu ces derniers jours), alimenté par une mini cascade qui rompt le silence de la profondeur. C'était notre but certes, mais c'est aussi à cet instant que sonne déjà .. l'heure du pique nique. Il est bien sur limité à nos stricts besoins pour recharger notre estomac mais Julien a tenu tout de même à descendre son matériel digne de Géo-trouvetou et sa fiole d'alcool pour faire chauffer le café. Comme s’il n’y avait pas déjà assez de CO2 en surdose en ce lieu !

Tout comme l'alpiniste qui entame la descente sitôt le sommet atteint nous sommes déjà concentrés pour préparer la remontée. Le descendeur devenu inutile est rangé, le bloqueur central est resserré, la poignée installée sur la grande longe, pédale et pantin en place. Nous sommes prêts, parés pour nous lancer sur le "chemin" du retour.

La remontée est longue, forcément, ponctuée de nombreux fractionnements qu'il faut franchir (changement de corde), placer la longe dans les points d’assurage, retirer bloqueur et poignée de la corde qui nous a hissé jusque là pour les replacer sur la suivante, cinq fois dix fois au moins répéter cette même manœuvre avant que n'apparaisse une lueur d’abord timide, puis quelques mousses accrochées à la paroi, bientôt un petit bout de ciel bleu, la dernière corde, les derniers mètres. Surtout rester concentré, la sortie est à portée de vue, de main presque mais je suis toujours dans le vide pendu à cette corde qui paraît si fragile et pourtant c'est la même qui d'autres fois a remonté Daniel lui aussi chargé d'un kit empli de cordes salies et détrempées. Lourd qu'il était le kit. Alors non ce n'est pas le moment d'y penser, tout est solide c'est sur, le plancher des vaches est là, si près. J'entends maintenant une voix, puis deux. Les premiers remontés sont là à attendre les suivants, Sylvie et Christine appareil photo ouvert prêtes à saisir l'instant. Je peux glisser la longe dans la dernière corde solidement enroulée autour d’un tronc d'arbre bien vivant ! Ça y est je suis en sécurité pour de bon, un dernier effort pour hisser le kit et sa corde, si lourde. C'est alors le moment de goûter la fatigue comme une récompense, goûter la fin du stress dompté pendant toutes ces heures , goûter tout court quelque biscuit qui à cet instant vaut n'importe quel dessert dans le plus chic restaurant quatre étoiles. L’heure est maintenant à la détente sur la pelouse du causse, le soleil du soir jette ses derniers rayons qui nous revigorent, baudriers retirés, habits de pouilleux jetés à terre, le temps peut s’arrêter.
Jérome et Julien ont été un peu retardés dans leur remontée à cause d’une corde restée coincée qui leur a valu une manœuvre supplémentaire de redescente puis de remontée. Pour autant nous avons bouclé la virée souterraine en un peu moins de neuf heures quand le topoguide annonçait huit heures d’efforts. C’est une belle satisfaction pour nous tous. Sans le café de Julien le record aurait même été à notre portée...

Le samedi soir c'est le dernier soir, l'apéritif pré dîner est (encore) un peu plus long que la veille, c'est que quelques fonds de bouteilles ne valent pas d'être ramenés au Mans. Des volontaires s'auto désignent pour les vider avant de les envoyer au recyclage. Les raveurs, rêvent-ils encore, se sont fait plus discrets qu’à l’entame du week-end à la grande déception de Laurence privée du Hellfest version Lotoise.
Le camping du Roc dans lequel nous avons séjourné était idéalement situé, au cœur d’un sous-sol en gruyère qui ne compte pas ses cavités. Avec un peu plus de temps libre nous aurions pu tenter un plongeon dans la piscine chauffée couverte,  grand luxe, tout comme les bungalows spacieux et quasi neufs.

Et dimanche matin c’est le jour du retour. Il reste toutefois à nettoyer le matériel. Après trois belles journées de printemps la pluie nous a rattrapés en provenance du Sud. C’est alors qu’au vu des prévisions météo finement analysées par nos guides, à n'en pas douter ils ont dû être formés par Jean Cornudet, il est décidé de prendre la route de suite pour aller chercher un temps plus clément... vers le Nord. Pas si facile de trouver un lavoir pour spéléologues. Il faut une rivière bien sage, aux berges en pente douce, pas trop vaseuse. Après un arrêt non concluant à Saint Germain au bord de la Gartempe le minibus s’arrête à Bonnes au bord de la Vienne. Oui forcément c’était en fait un passage un peu obligé que Julien (Bonne!) a tenu à immortaliser devant le panneau du même nom. Le grand lessivage a commencé par une séquence grand déballage, matériel, combis et cordes jetées à l’eau. Puis il a fallu frotter, frotter encore, refrotter toujours avant de rincer, replier, remballer et entasser tant bien que mal dans le coffre du minibus pas si mini au final. Vous verrez, qu’ils disaient les Maunoury, au retour il y aura trois caisses de nourriture en moins et tout le monde aura vite fait d’oublier qu’ils avaient oublié leur remorque !…
Merci à Marielou, Caroline, Laurence, Christine, Sylvie, Sébastien, Jérôme et Julien pour cette belle parenthèse de vacances au milieu du printemps.
jean-luc
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