Carnet de route

Raid à Ski en Norvège. Avril 2022
Sortie : Traversée à ski randonnée nordique du 09/04/2022
Le 09/04/2022 par CHAPELIER Christian
Christian CHAPELLIER avait depuis quelques années envie de lancer l’idée d’un raid à ski de fond en Norvège. Cet automne, le projet était lancé, la destination connue : le parc du Hardangervidda, le plus grand plateau Le Hardangervidda à mi-chemin entre Oslo et Bergen , ville située sur la côte ouest, à une latitude nord de 60° Nord. C'est le plus grand plateau européen intégralement situé au-delà de la limite des arbres. Sa superficie d'environ 8 000 km2 en fait le plus grand plateau d'Europe. Après plusieurs contacts, il a choisi l’agence « Grand Angle », basée dans le Vercors. Après quelques mails informatifs et une réunion à son domicile en octobre, 11 candidats se décident pour cette aventure en région nordique. Les conditions de participation sont nettement définies : bonne forme physique, avoir un niveau de ski correct et participation effective à 5 randonnées en Sarthe d’une vingtaine de km avec sac à dos chargé à 8 kg. Le programme commence dès novembre avec sorties avec dénivelé pour une dernière sortie en mars dans les Alpes mancelles. Ces sorties hivernales et les stages de ski du club constituent une adaptation à l’effort et aux conditions climatiques.
Samedi 9 avril
Départ du Mans en TGV chargés de sacs et des skis rangés par paires dans des housses, destination Roissy. Vol vers Oslo et atterrissage de nuit. Notre guide, Bernard nous accompagne jusqu’à l’hôtel situé à quelques minutes de la gare et nous prodigue des conseils avisés pour alléger nos sacs.
Dimanche 10
Après un solide petit déjeuner scandinave : charcuteries diverses, fromages, salade, tomates, flageolets à la tomate, œufs durs et mollets, plusieurs jus de fruits et après avoir déposé des bagages à la réserve de l’hôtel, nous partons en tenue de ski vers la gare pour rejoindre la ville de Geilo, située à 250 km d’Oslo. La ligne ferroviaire serpente dans les forêts, longeant des rivières. Après 2 h 30 de train et quelques arrêts en gare, arrivée à l’hôtel en début d’après-midi. Quoi de mieux qu’une sortie à ski pour se dégourdir les jambes ? Telle est la proposition d e Bernard pour nous tester. La neige est bien présente aux abords des lacs d’Ustedalfjorden et Veslefjorden tout proches à 770 m d’altitude. L’œil avisé de notre guide repère des huttes de castors, des arbres coupés par ces grosses bêtes. Nous skions sur le lac gelé et après 2 heures de sortie, retournons à l’hôtel. Une bonne pizza et une bonne nuit permettent d’aborder le raid sereinement.
Lundi 11
Toute l’équipe est prête à 9 h pour le départ en taxi vers la station de ski surplombant la ville de Geilo. Les choses sérieuses commencent après avoir collé les peaux de phoque. Peu après notre départ, nous débusquons une bonne vingtaine de lagopèdes qui s’échappent en un vol assez lourd. Les pistes de ski de randonnée nordique sont balisées par des branchages disposées tous les 20 m environ, de quoi ne pas se perdre en cas de brouillard. Les norvégiens, même par temps clair, ne s’en écartent pas et les suivent scrupuleusement. Bernard préfère tracer son itinéraire dans des paysages d’allure très nordique. La neige est gelée en surface et les vallonnements successifs imposent une bonne maîtrise des skis qui ont bien souvent tendance à ne pas obéir à nos pieds. Notre vitesse moyenne avoisine les 3 km/ heure. Le pique-nique sera rapidement avalé et l’on repart rapidement. Ce plateau de Hardanger n’est vraiment jamais plat, c’est une suite de bombements. Nous avons traversé quelques petits lacs, très nombreux sur ce plateau, aux noms charmants :Beinstigstome, Oksetjornre, Tuvetjorne En fin de rando, nous rencontrons des familles à skis, avec enfants et bon nombre de familles ont même des chiens. Les vacances de Pâques viennent de commencer en Norvège. La météo a été bonne toute la journée. Une longue descente nous mène au refuge de Tuva (1196m ) , niché dans un fond de vallon. Il s’agit d’une maison en bois, au toit végétalisé. Nos skis resteront dehors pour la nuit. L’accueil dans cette « hytte » en bois très cosy est excellent et les gardiens fort sympathiques. Il s’agit ici d’une ancienne ferme familiale qui accueillait des touristes de passage qui a été transformée en refuge du DNT (Den Norske Turistforening). Les gardiens sont les petits-enfants des premiers fermiers. Le repas est non seulement copieux mais très bien préparé. Le dessert au chocolat a remporté un franc succès. Comme tous les refuges de ce pays, celui-ci est équipé d’un vrai salon avec canapés, fauteuils confortables et décoration soignée. Aux murs du salons, sont accrochées des photos de famille et aussi des photos de rois et reines du pays. Les plus anciens dormiront au rez-de-chaussée, l’escalier très raide menant aux chambres de l’étage étant réservé aux plus jeunes et courageux. Les toilettes, situées dans un petit bâtiment à quelques dizaines de mètres, ne donnent pas envie de s’y attarder, un léger courant d’air glacial passant par les planches disjointes assure une ventilation naturelle, de quoi attraper un rhume de fesses. Vers 21 heures , nous sommes ébahis de voir des Norvégiens repartir avec la pulka, la carte papier en bandoulière et la lampe frontale déjà allumée. Ils iront planter la tente à quelque distance du refuge, parfois des km. Les gènes des explorateurs vikings sont toujours présents chez ces skieurs du 21ème siècle. On sait aussi que les restes d’un drakkar ont été retrouvés dans le Loir, en sud Sarthe.
Distance : 15.41 km D + : 406 m D - : 226 m 6 h11 avec les pauses
Mardi 11
Départ fixé à 9 heures après un petit déjeuner copieux et varié. Météo favorable, quelques petits nuages strient légèrement le ciel, un vent léger souffle sur le plateau. La neige est toujours très dure, ça et là, des plaques de glace vive rendent la maîtrise des skis assez délicate. Jérôme et Sylvie, nos deux jeunes de l’équipe, se font plaisir en gravissant quelques pentes supplémentaires, se donnant du plaisir dans des descentes plus rapides. En contrebas de notre piste, le lac de Skeravatnet (1195 m) s’étend sur 3 km. Il est le voisin des sommets de Store Groneuten et BleikeHaee. Notre trace se poursuit au sud-ouest. Après une grande descente, l’étape sera coupée au milieu par une pause au refuge Heinseter (1094 m) , toute petite bâtisse en bois perdue en pleine montagne. A l’intérieur, seulement 2 tables qui permettent tout juste à notre groupe de prendre place, après qu’un groupe d’Anglais ne soit parti. Le pique- nique du midi est vite avalé, des km nous attendent et l’allure n’est pas très rapide. Bernard nous conseille de nous retourner : tout là-bas, les rochers noirs, c’est Geilo ! Grande platitude puis une bonne montée au sortir du refuge nous rappelle que le plateau est bien moutonné. Direction le grand refuge de Rauhelleren après une succession de bons efforts. Nous suivons en permanence la piste toujours bordée de branchages et qui nous a paru vraiment très longue. Ce refuge borde le lac immense de Langesjoen, à l’ombre du sommet de Langesjonuten (1365 m). Le bâtiment est assez grand et nous surprend par la présence de petit salon et par la taille de son grand salon. Les chambres sont à l’étage. Les douches et toilettes sont là aussi dans un bâtiment extérieur. Les gardiens, excellents cuisiniers ont préparé une soupe au chou-fleur et de l’agneau aux légumes.
Distance : 24.61 km D + : 359 m D - : 322 m 9h15 avec les pauses
Mercredi 13
Départ à 9 heures précises, notre groupe est toujours ponctuel. Objectif : le refuge Marbu (1130m). Le vent est présent, il a neigé dans la nuit et une neige très fine tombe encore. Départ à ski sur le lac gelé, puis traversées de zones humides ou marécageuses sous la glace. Nous avons la plupart du temps le vent de face. Dès le milieu de la matinée, Jacques peine dans les montées et Bernard prend la décision de répartir son sac et finalement il appellera la motoneige pour le mener au refuge Marbu. Le reste de la randonnée se déroule sous une météo assez maussade, avec traversée de lacs et la neige colle sous nos skis : l’humidité de la glace est à l’origine de ce phénomène. L’arrivée au refuge se fait dans le brouillard et selon la phrase rituelle de Bernard : « le refuge est là-bas, derrière la montagne ». Marbu est encore un beau refuge, l’accueil y est des plus convivial, des canapés moelleux nous enveloppent vraiment. Des moufles tricotées par la belle-sœur du gérant attirent notre regard. Dans un petit salon, Jean entame la conversation avec un norvégien et son fils âgé de 21 ans. Chacun tire une pulka de 35 kg, partis pour 6 jours, ils passent une nuit en refuge et 2 nuits sous tente, quelque soit la météo. Une véritable âme de viking. Nous échangeons nos adresses mail et parlons de notre programme. Le fait que des Français viennent ici pratiquer du ski les intrigue un peu. Ils nous parlent de leurs 2 maisons aux îles Lofoten pour la pêche, l’une au nord, l’autre au sud. Sur le smartphone, des photos d’aurores boréales prises dernièrement. Leur « cabane » dans la région du Télémark leur permet une pratique de la montagne estivale.
Le menu nous est annoncé en norvégien, il nous est servi par 3 jolies jeunes femmes dont le sourire nous fait oublier le brouillard de l’après-midi et les yeux noisette de la patronne n’attirent pas que les écureuils. Le repas est en libre-service.
Distance : 20.79 km D + : 386 m D - : 292 m 8h08 avec les pauses
Jeudi 14 avril
Encore une bonne journée de ski pour rejoindre le refuge Kalhovd (1114 m). Nous longeons une partie du lac Mar long de plus de 19 km. L’été, il y a même des liaisons en bateau sur ce lac. Météo de rêve : pas de vent et soleil, ciel assez dégagé. De plus, la neige fraîche est excellente, elle recouvre les plaques de glace ou de neige dure. Nos skis glissent à merveille. Le relief est assez tourmenté sur une grande partie d l’itinéraire. Ici et là, des traces de renard, de lagopède. Bernard nous montre une petite cavité dans la neige, proche d’un buisson, que le lagopède s’est faite pour s’y abriter. Cathy se remet tout juste de sa grippe de la semaine dernière et elle montre beaucoup de courage pour nous suivre alors qu’elle est affaiblie. Lors d’une pause, nous enlevons une couche, puis deux, admirant ces paysages sublimes. Caché derrière une belle montagne, le refuge, constitué de plusieurs bâtiments en bois, domine le barrage. La partie dortoir est nettement séparée de la partie accueil et restaurant. Les peaux de renne ou de mouton recouvrent les fauteuils du salon, lequel donne sur une large terrasse dominant le lac et le barrage. Nous retrouvons le père et son fils rencontrés hier, ils se reposent avant de repartir après 19 heures pour planter la tente à mi-pente au-dessus du lac. Dans la salle de restaurant, une énorme tête de renne fait face à un trophée de chasse : une tête d’élan. Une norvégienne nous raconte sa dernière partie de chasse : elle a tiré 2 élans dans le sud de la Norvège. Le repas s’annonce copieux et 2 grosses saucisses accompagnent une belle assiette de légumes. Kiki se voit incapable de terminer cette composition très gourmande. Comme dans tous ces refuges, des lits superposés pour optimiser la place.
Distance : 20.09 km D + : 202 m D - : 237 m 6 h38 avec les pauses
Vendredi 15 avril
Une longue étape de ski nous attend, piquant plein sud, dominant au départ le lac Kilsfjorden (1070 m). Sa longueur dépasse les 12 km ! Nous savons qu’elle durera plus de 20 km avec du dénivelé. Surprise : il ne fait pas vraiment froid, le ciel est d’un bleu provençal. La neige est excellente, glisse à merveille. Un groupe de lagopèdes piaille auprès du barrage, quelques-uns s’envolent. L’oiseau décolle brusquement et part d’un vol direct, avec des battements d’ailes rapides, entrecoupés de vols planés. Il vole habituellement sur une longue distance avant de plonger dans la végétation. Notre parcours commence par une longue montée de plus d’une heure après la descente vers le barrage pour atteindre le sommet de Haraldhovde (1289 m), puis un passage sur le lac de Haralsdja (1082 m). Montées et descentes s’enchaînent, nous nous découvrons eu fur et à mesure de la progression. Nous retrouvons les norvégiens faisant la sieste près d’un gros bloc erratique. Quelques signes de la main et l’on repart. Le soleil est puissant et l’on a vraiment chaud. Encore une longue montée, à proximité du mont Egg ( 1372 m), du Skanevaastjonaan et du Ljostjoonhovudet. Pouvez-vous lire ces noms sans hésiter et en moins de 2 secondes ? Si c’est non, c’est que vous n’avez pas un larynx de viking . Bernard nous montre des empreintes de loup qui se perdent dans un buisson. Mais où donc se cache le refuge Helberghytta (1095 m) ? « Vous voyez la grosse montagne, au bout de cette longue ligne droite, c’est juste derrière, on y sera dans une bonne heure, si tout va bien » nous assure notre guide. Patience et on pousse fort sur les bâtons !
Distance : 21.83 km D + : 417 m D - 425 m 7 h 52 avec les pauses
Samedi 16
Départ sous un ciel bleu outremer. Ne serait-on pas dans le Vercors ? Bernard n’aurait-il pas rapporté le soleil du sud de la France dans son gros sac. Pas un souffle de vent, il commence à faire chaud. De longues descentes dont nous profitons, sachant que ce sont les ultimes glisses de l’année. Passages dans la forêt, cela fait une semaine que nous n’avions pas vu de conifères. L’étape sera très courte. Une dernière pente sur une piste forestière et voici la gare du téléphérique qui nous emmène à Rjukan. Dénivelé de 495 m jusqu’à la ville. C’est dans cette ville qu’ était produite « l’eau lourde », un liquide spécifique qui était indispensable pour la construction d’une bombe atomique dans les années 1940. Il fallait une quantité d’énergie électrique incroyable, fournie par un barrage. Les militaires allemands étaient sur le point de se saisir de quelques bidons quand la résistance norvégienne fit sauter le bateau avec sa cargaison. Les 2 skieurs norvégiens nous montrent leur système de couchage fort astucieux, il comprend une coque, un matelas aluminisé et un vrai duvet de montagne. Le père nous explique qu’il suffit de le glisser sous la tente et par tous temps, il suffit de se mettre en slip puis de s’y glisser pour passer une bonne nuit. Ce concept est produit par un beau-frère. Une tournée dans 2 ou 3 magasins en attendant le bus qui nous ramène à Oslo et retour à l’hôtel. Nous allons dîner en ville
Distance : 8.161 km D + : 170 m D - : 303 m 2 h 51 avec les pauses
Dimanche 17
Grasse matinée jusqu’à près de 8 heures ! Visite d’Oslo, promenade sur l’esplanade extérieure et sur le toit de l’opéra au bord du port. De vaillants norvégiens plongent dans l’eau bien froide du port (Kiki ne les suivra pas) et se réchauffent dans des petites huttes en bois montées sur des petits bateaux. Direction le centre-ville en passant par une zone militaire ouverte au public. Pays étrange ! Des vitrines superbes attirent notre attention et font l’objet de photos de la part de Cathy. Nous terminons par le « château », le palais royal et la relève de la garde sur le coup de midi.
Le train nous emmène à l’aéroport où nous patienterons quelques heures avant de décoller à 18 h 15 pour arriver à Roissy à 20 h 45. Le ciel est très dégagé et les hublots permettent de belles vues sur les pays survolés. Reste à aller à l’hôtel avant de prendre le TGV ……
Lundi 18
Pour arriver au Mans dans la matinée.