Carnet de route

Grandes voies en Drôme Provençale
Le 25/06/2023 par Nolan Varais
Samedi 22 avril. Départ prévu pour 7h30. Notre groupe de 13 grimpeurs se réunit à la maison des sports du Mans dans le but de rallier la Provence et de passer une semaine sous les oliviers. La chance est au rendez-vous, la semaine s’annonce chaude et ensoleillée. Après environ 8h de trajet, nous arrivons au charmant gîte des jardins d’Ollon, situé à quelques 15 minutes du village de Buis-les-Baronnies. Il s’agit d’une bâtisse en pierre qui nous fera voyager tout droit dans un livre de Marcel Pagnol le temps d’une semaine. Elle sera témoins pour les jours à venir, des apéros, des copieux repas, des parties d’échecs, des soirées à zouker et des petits moments de complicités parmi le groupe.
Mais revenons-en à la grimpe.
En arrivant au gîte et après une rapide installation, le groupe se retrouve autour d’une bière pour discuter de la première journée de grimpe du lendemain. La décision est unanime, on ira sur le site de Beaume-Rousse, l’endroit idéal pour échauffer ses doigts et appréhender les falaises calcaires qui encerclent le village de Buis, un seul mot d’ordre : PLAISIR ! Pour cela, rien de mieux que de commencer par le secteur initiation, offrant un bon nombre de voies d’un niveau abordable. Ceux qui le souhaitent se dirigent ensuite dans le fond du cirque afin de se bagarrer un peu avec la falaise. En haut du site, lorsqu’on regarde vers le sud, on aperçoit au loin le sommet du Géant de Provence, mais également la face Nord du site emblématique du coin : le Rocher Saint-Julien.
Ça sera l’étape du lendemain, on veut prendre de la hauteur, et pour cela quoi de mieux que cette lame rocheuse, formant une crête Est-Ouest très fine, et permettant de grimper des longueurs allant jusqu’à 120 mètres de haut. Sur le rocher, on ne trouve pas moins de 262 voies, parfois bien aériennes, comme en témoignera Yann dans la ZaZa (6b) et équipées dans l’esprit de ceux qui les ont ouvertes dans les années 60. Parmi celles-ci, des passages très atypiques comme la grotte, qui nous oblige à nous faufiler dans le rocher à la manière d’un spéléologue (5b), le Trou, permettant de rejoindre la face nord par un passage en cheminée (6a+), ou encore la descente en rappel du Gastronome (5C), obligeant les grimpeurs à se balancer pour atteindre le relais.
Le mardi on décide de prendre notre temps, pour certains on retourne grimper sur le Saint-Julien, pour d’autres on décide plutôt d’aller explorer les environs, c’est aussi ça l’esprit CAF. Au programme, randonnée de 9 kilomètres autour du rocher que l’on terminera via une portion de via ferrata situé sur sa face Nord. Le soir, un projet se prépare. Depuis le début de la semaine, on parle de grimper l’arête du Saint-Julien. Deux cordées sont formées avec des grimpeurs d’expériences pour grimper sur ce terrain d’aventure.
Le jour suivant, nos quatre grimpeurs se sont donc rendus sur le flanc est du Saint-Julien pour entamer cette ascension. Pour le reste du groupe, on se trouve un nouveau compagnon de grimpe et rebelote ! Il faut dire qu’avec cet immense terrain de jeu, il reste beaucoup de voies à découvrir. Pour certains, c’est également l’occasion d’aller se tester un peu dans des voies plus difficiles, comme Vincent dans Love On the Bite (6c+). Parmi notre groupe de grimpeurs, il y en a aussi un qui a décidé de troquer ses chaussons contre un cuissard de cycliste. C’est Adrien, qui attiré par l’emblématique Mont-Ventoux, a loué un vélo à Buis afin de s’essayer à l’ascension du bien réputé sommet provençal.
Jeudi, changement de programme ! Le rocher Saint-Julien est certes la falaise emblématique du coin, mais les falaises autour de Buis-les-Baronnies offrent une multitude de terrains de jeux pour des grimpeurs. Deux équipes se forment, certains préfèrent aller sur le site d’Ubrieux, situé à l’entrée des gorges de l’Ouvèze, ce qui permettra d’y détendre ses muscles dans l’eau fraîche en fin de journée. D’autres, préfèrent monter sur l’Aiguille de Buis qui, après une jolie marche d’approche dans la forêt, offre une superbe vue surplombant le village de Buis. C’est un site où l’on trouve une 50aine de voies de tous niveaux qui sont bien plus équipées que sur le Saint-Julien, et on se retrouve même parfois à manquer de dégaines à cause de l’habitude prise les jours précédents !
Le vendredi, bien que les doigts soient abimés par la roche et les pieds douloureux, presque tout le monde veut retourner grimper. Quatre de nos grimpeurs veulent retourner dirent au revoir au Saint-Julien et finir ce qui n’a pas pu être réalisé les jours précédents comme Bertrand et Kelly dans la Raie des Fesse (5c, 5c, 5b) ; tandis que le reste du groupe se rend à l’Aiguille de Buis afin de profiter une dernière fois de la vue sur les champs d’oliviers. Pour Nicolas, c’est plutôt repos aujourd’hui, mais dans son esprit montagnard, cela signifie qu’il sillonnera les environs de Buis en effectuant une « petite » randonnée de 24 kilomètres.
Samedi, c’est le temps des adieux, on fait les dernières photos du gîte qui nous a accueilli une semaine, on prend ses bouteilles d’huile, ses olives et son jus d’abricot et on remonte dans la voiture direction le Mans. Malgré le cœur un peu lourd de devoir rentrer, on se remémore les bons moments de la semaine et les petites choses qu’il sera indispensable de mentionner dans ce texte. Et oui, il ne peut y avoir une semaine de grimpe sans son lot de petites anecdotes/boulettes et, ces quelques vers en sont témoins, les grimpeurs du stage de Buis n’ont pas dérogés à cette règle.
12 pieds pour 13 grimpeurs
A coup sûr, cela aurait dû porter malheur.
Le Rocher Saint-Julien de Buis-les-Baronnies,
Beaume-Rousse, Ubrieux et l’Aiguille de Buis,
Furent témoins de toutes nos péripéties…
Pour pouvoir grimper, il faut savoir se chausser.
L’un des champions a oublié cette leçon.
Pas d’ascension muni deux fois du même chausson !
Savoir s’organiser c’est l’assurance d’une bonne journée.
L’une d’entre nous, la tête dans les nuages,
En se préparant ignora cet adage.
Notre sportive hâtive, casque et repas oublia.
Ces deux épisodes auraient pu nous alerter.
Mais un maladroit a voulu se distinguer.
Ce grimpeur tout en haut de son rocher perché,
Ravi de son passage, fort à son avantage,
Sortit du sac à dos, son appareil photo,
Laissant tomber sa clé d’auto : comme c’est ballot !
Le grimpeur, de retour à la réalité,
Tout penaud, dût fouiller les buis et les bosquets.
Grimpeuses et grimpeurs, apprenez de ces erreurs.
Et pensez à charrier les personnes concernées !