Carnet de route
L'armée des douze ...
Le 01/05/2024 par Bertrand Masson
L’armée des douze
Cela aurait pu être le titre d’un mauvais film.
C’était pourtant le point de départ d’un stage escalade qui ne s’est pas déroulé comme prévu. C’est bien le principe d’un film d’action : un groupe, des péripéties, des cascades et une conclusion plutôt heureuse.
À l’affiche : 12 acteurs bien connus dans le show-biz du CAF manceau. Adrien, Alexis, Vincent B., Nino, Vito, Matthieu C., Mathieu Q., Lucie, Arnaud R., Nicolas, Jérôme B. et Bertrand.
La situation de départ du film : un stage d’une semaine vers un spot de grimpe de haut vol, les Gorges de la Jonte. Les vautours, le vase de Sèvres, des grandes voies mythiques, un certain engagement...Tout était réuni pour du grand spectacle. Un film français à petit budget mais qui aurait pu avoir un certain succès.
C’était sans compter sur l’imagination du scénariste principal : Monsieur Météo. Déluge prévu pour la semaine du 27 avril au 4 mai avec épisode Cévenol. Première péripétie.
« Branle-bas » de combat, musique qui fait peur, doute dans les têtes… Que faire ?
Le groupe se décide à renoncer… Rideau ? Clap de fin ?
Bien sûr que non. Les personnages ont du ressort. Direction Pen-Hir où la météo semble plus clémente même si rien n’est garanti. Le film devient court-métrage : on passe d’une semaine à 3 jours !
Premières pertes humaines : 4 hommes à terre. Adrien, Alexis, Vincent et Nino arrêtent l’aventure. L’intrigue est lancée. L’armée des douze devient le groupe des huit. La veille pour le lendemain, les cordes sont chargées, un gîte réservé et l’équipe remotivée.
Écran noir. Musique douce…
Ouverture sur un paysage magnifique qu’est celui de la pointe Pen-Hir (Presqu’île de Crozon). Lumière aveuglante, surexposition. Le soleil attendu est au rendez-vous.
Les grimpeurs découvrent le site et quelques secteurs : « Les cristaux », « La grande falaise », « La dalle de Paul », « La dalle de verre »…
Cadrage en plongée. Tous se penchent... En contre-bas, l’océan. L’Atlantique qui lèche et agite le pied de la falaise. Le vent et le ressac emportent les paroles des funambules suspendus à leurs cordes. Le film devient muet et les grimpeurs devront communiquer principalement par gestes.
Musique angoissante… Une fois en bas, les grimpeurs n’auront pas d’autre choix que de remonter et cela avant que la marée ne remonte. Le temps est compté, il faut être efficace dans sa grimpe et dans les « manips » de cordes.
D’autres personnages apparaissent au fil des jours. Une rencontre avec un club breton qui nous donne quelques conseils sur le site. Deux phoques aperçus en train de pêcher au pied des falaises. Un renard, un mulot et une vipère. Le film oscille parfois avec le style documentaire…
Deux journées bien pleines. Le beau temps est là... Un gros grain le dimanche midi aurait pu faire croire aux spectateurs qu’un rebondissement allait avoir lieu avec une cordée prisonnière de la paroi par mauvais temps. Mais non… le scénario semblait épargner les protagonistes qui à chaque fois ont su se réfugier à la crêperie toute proche pour profiter d’une boisson chaude et de crêpes bien beurrées et bien sucrées…
Lundi : dernier jour. La météo est changeante. Arrivés sur site, le vent est très fort et les grimpeurs au sommet des parois sont impressionnés par l’ambiance du site devenue plus austère. Les accès de la veille semblent plus compliqués à emprunter, l’eau de couleur émeraude s’est assombrie… La découverte de secteurs de plus en plus escarpés et difficiles d’accès nous montrent tout le potentiel et la difficulté du site : « Le comptoir », « La dalle grise », « La grande brèche »…. Autant de promesses sur le topo qui méritent un certain engagement pour pouvoir accéder aux voies repérées… Descendre au ras de l’eau pour ensuite grimper... et remonter... peut-être.
Suspens. Tension… Les mains sont moites. Le spectateur se crispe à son fauteuil.
Oui, tout le monde réussira les voies engagées. Non sans hésitations, discussions et finalement prises de décisions.
Pen-Hir est un site qui a le mérite de permettre à tout grimpeur de se jauger. On pourra regretter la difficulté pour les grimpeurs d’enchaîner des voies comme sur un site plus ordinaire. Ce site de bord de mer est aussi montagnard par l’accès à ses secteurs.
Bertrand pour le groupe des 8
Quelques voies « coups de cœur » retenues par le groupe : BCBG, La Z, Adrénaline, L’arête ouest, La sortie des artistes, Nelson, La directissime, La funambule.





